Transcription de l'épisode
Quand tu as été blessée, tu veux que justice soit faite. C’est tout à fait normal et c’est ton droit. Mais ça t’enferme dans ta souffrance, ça t’empêche de grandir, de lâcher la personne que tu as été, pour accueillir celle que tu es maintenant. Et si la justesse c’était de pardonner ?
Table des matières
Tes blessures doivent être guéries
Cette semaine, j’avais envie de te parler de justice, car je me suis rendue compte que la colère que j’avais en moi était provoquée par mon attachement viscéral à la justice, à la réparation, au fait que la vie devrait être parfaite, et qu’on ne devrait pas vivre certaines choses.
On a tous été, à un moment donné, déçues, blessées, ou trahies par quelqu’un. Ça a pu créer en nous de petite blessures ou de profondes plaies, que l’on juge impardonnables ; parce qu’on a été touchée au plus profond de notre être.
Est-ce que tu as remarqué que certaines de tes blessures se réactivent régulièrement ? Quand tu revoies la personne qui t’a fait du mal, par exemple. Mais aussi quand d’autres évènements te remettent dans une situation similaire.
C’est parce que tu n’as pas pris soin de ta blessure. Qu’est-ce que tu fais quand tu as une plaie à vif qui saigne et qui te fait mal ? Tu prend le temps de soigner, non? C’est la même chose pour les blessures psychologiques. Il faut prendre le temps de les soigner.
La justice est-elle la solution à tes blessures ?
La justice est ton droit…
Bien sur, c’est ton droit de vouloir que justice soit faite. Tu as été blessée, abusée, humiliée, dépréciée.
C’est totalement normal d’en vouloir à la personne qui t’a fait ça, d’éprouver du ressentiment, de la rancune, de la colère, puisque tu as souffert à cause d’elle. C’est même sain de faire sortir tes émotions. Tu as besoin de ça pour reconnaitre ta douleur et te protéger dans un premier temps.
Mais elle ne suffit pas
Mais en entretenant ces émotions négatives sur le long terme, à ton avis, à qui fais-tu du mal ? A toi, oui. En faisant ça, tu t’obliges à revivre sans cesse la situation. Tu remets le couteau dans la plaie. Ça ravive ta blessure et donc ça alimente tes émotions négatives.
Alors que souvent, l’autre personne :
- soit ne sait pas rendu compte qu’elle t’a fait du mal, et dans ce cas, elle vit sa vie comme avant,
- soit elle a conscience qu’elle t’a fait du mal, mais elle peut s’en ficher, ou être passée à autre chose.
Donc ça ne fait souvent que du mal à toi. La justice, quand ce sont des actes graves, est importante, bien sûr, car elle reconnait la faute et désigne le coupable aux yeux de tous. Mais souvent la justice ne suffit pas. Et parfois la réparation ne vient pas par la lutte, pour obtenir réparation. Elle vient avec le temps, après un long cheminement intérieur qui t’amène peu à peu au pardon.
Pardonner, c’est quoi ?
Les fausses croyances qui empêchent de pardonner
Pardonner, ce n’est pas être d’accord avec ce qui s’est passé. Ce n’est pas cautionner, passer l’éponge. Ce n’est pas parce que tu pardonnes à quelqu’un, que tu approuves ce qu’il a fait. Ça c’est très important à comprendre : ce n’est pas parce que tu pardonnes à quelqu’un, que tu approuves ce qu’il a fait.
Ensuite ce n’est pas être faible, pardonner. On pense souvent que ceux qui pardonnent le font car ils n’ont pas le courage d’affronter la situation. C’est faux, pour pardonner vraiment, il faut un immense courage. Parce que ça ne va pas de soi.
Repense à un moment ou quelqu’un t’a blessé, quelle a été ta première réaction ? Il y a de grande chance pour que ce soit d’exprimer ta colère, de vouloir te venger, pour que l’autre souffre autant que toi. N’est-ce pas ?
Pardonner c’est arrêter de te faire du mal
Pardonner c’est arrêter d’être en colère, d’en vouloir à la personne qui t’a blessé. Pourquoi ? Parce que tu es la seule personne qui te fait du mal maintenant. C’est toi qui t’accroches à ce qui s’est passé. Et qui continue à ruminer toute seule en te disant que ça n’aurait pas du avoir lieu. Tu nies la réalité. Tu essaies de la changer. Et ça, c’est impossible.
Ne plus donner d'importance à tes blessures
« Pardonner, c’est renoncer à tout espoir d’un passé meilleur ». C’est une citation de Jack Kornfield. C’est être réaliste. Et ca n’a donc rien à voir avec l’autre. Et d’ailleurs ca n’implique pas de te réconcilier avec l’autre. Tu peux lui pardonner et ne jamais le lui dire. Mais ça ne t’empêche pas toi de lui pardonner.
J’ai longtemps été super rancunière. A chaque fois que quelqu’un me blessait, soit je décidais de ne plus le voir, soit j’ajoutais la blessure sur la liste de reproches. Tu sais, la liste qu’on a au fond de nous et qui s’allonge et t’alourdit au fur et à mesure des années.
Je tenais cette liste à jour… jusqu’à ce que je comprenne que c’était mon droit de crier à l’injustice. Mais que ça me faisait plus de mal que de bien. Parce qu’en faisant ça, je donnais de l’importance à ce que l’autre a fait. Je le laissais semer en moi la graine de la colère.
Il y a un film qui passe actuellement au cinéma qui s’appelle « Vous n’aurez pas ma haine ». Je n’ai pas vu ce film, donc je ne sais pas de quoi il parle, mais le titre retranscrit parfaitement ce qu’est le pardon. C’est n’est pas laisser l’autre décider pour moi ce que je dois ressentir.
Pardonner est un choix
À un moment donné, avec ma longue liste de reproches, de choses qui n’auraient pas du avoir lieu, qu’on n’aurait pas du me faire, j’ai senti qu’il était temps de me débarrasser de ma liste. Et pour ça, de prendre la décision de pardonner.
Je parle bien de prendre la décision. Car pardonner, c’est un choix (on ne peut pas t’obliger, tu ne peux pas te forcer à pardonner). C’est un choix car c’est une affaire de coeur. Le pardon, c’est par le don de l’amour. C’est t’offrir ce cadeau de l’amour. T’aimer suffisamment pour décider d’arrêter de te maltraiter
A partir de maintenant, tu prends la décision de te guérir, de nettoyer tes blessures et de les soigner toi-même pour qu’elles cicatrisent.
Pourquoi pardonner ?
Parce que si tu ne le fais pas, ton mental va continuer à alimenter ta rancoeur avec des pensées destructrices dont tu n’as même pas conscience. Mais elles sont là, en toi, et elles te rongent à l’intérieur.
J’ai une question que je voudrais te poser : est-ce que selon toi on peut tout pardonner et à tout le monde ? C’est la question qu’on se pose tous et on a tous des avis différents, parce qu’on a tous un vécu différent. Je pense qu’en réalité, on n’a pas vraiment le choix. Pour nettoyer ce qui a été salit, pour retrouver la paix d’esprit, et nous sentir bien, on doit pardonner.
6 étapes pour réussir à pardonner
Il n’y a pas de méthode toute faite. On ne décide pas un beau matin de pardonner, en claquant des doigts. Ça prend du temps. C’est un long chemin de libération intérieure. Pour, au bout du chemin, découvrir qu’on a pardonné. J’ai listé des idées qui me semblent importantes pour avancer dans ce processus du pardon.
1. Décide de ne plus souffrir
Prends l’engagement envers toi de ne plus être la victime, de ne plus laisser qui que ce soit installer en toi des émotions destructrices, que tu n’a pas choisie.
Ca peut passer par des décisions concrètes :
- de t’éloigner de la personne (pour un moment, ou pour toujours),
- ou de lui parler,
- ou de passer par la justice si tu en éprouves le besoin.
Tout ce qui te permet de mettre des limites et de les faire respecteront est important dans cette première étape.
2. Reconnais ta blessure
Pour pardonner, il faut que tu prennes conscience que tu as été blessée. Tu dois en vouloir à ton agresseur. Et pour ça, tu dois reconnaitre ta souffrance. Ça peut parfois être plus compliqué qu’on ne pense car souvent, on se met à la place de l’autre. Et du coup; on comprend ses motivations. Et comme tu comprends, ça a tendance à justifier ce qu’il a fait et à amoindrir nos souffrances.
Sors de ta tête, de tes pensées qui n’arrêtent pas de ressasser, de mouliner, de trouver des excuses, de se mettre à la place de l’autre. C’est d’arrêter tout ça et de revenir à l’intérieur pour faire corps avec ta souffrance. C’est ressentir vraiment la douleur, avec ton corps, avec ton coeur.
Oui, ça fait peur. Oui, ça fait mal. Mais est-ce que tu vas plus souffrir qu’en ignorant ta douleur ? A long terme, certainement pas.
3. Exprime ta colère
La colère est une émotion vitale. Elle permet de sortir ta souffrance. Si tu es en colère c’est bon signe. C’est que tu as reconnu ta souffrance. Laisse sortir ta colère, par le son en criant, par le geste, on tapant, en boxant… Trouve ton moyen à toi de faire sortir tout ce qui te ronge à l’intérieur.
4. Pardonne-toi
Souvent quand on a été blessé, on se remet en question, on doute de soi. Donc pardonne toi d’avoir laissé faire, d’avoir réagit, d’avoir fait ceci, dis cela. Ce n’est pas de ta faute. Déculpabilise et laisse la responsabilité à ton agresseur.
5. Retrouve ta sécurité intérieure
Quand tu as été blessée, tu t’es peut être coupée de ton corps pour ne plus souffrir. Tu ne t’y sens peut être plus en sécurité. Alors prends soin de ton coeur qui a été blessé, accueille tes émotions, écoute ce que ton corps te dit et retrouve ta sécurité intérieure.
6. Et pardonne à l’autre
« Il n’y a pas de personnes méchantes. Il y a seulement des personnes souffrantes qui n’ont pas trouvé d’autres moyens que de blesser les autres pour gérer leur propre souffrance. ». Tu comprends alors que l’autre, la plupart du temps, ne veut pas te faire du mal. Il essaie juste de faire face à ses blessures, son histoire, ses manques et ses besoins. Il n’a pas su faire autrement.
Alors, pour répondre à la question que pose le titre de cet épisode : Justice ou Justesse : que choisies-tu ? Je choisis la justesse, cet équilibre entre respect et pardon qui fait que je me sens en paix.